BILLY CRAIN: Color Blind (2019)
La sortie d’un nouveau disque de Billy Crain est toujours un évènement en soi car ce guitariste possède un talent exceptionnel. Et puis, il y a toujours l’effet de surprise. Que va-t-il jouer ? Du rock sudiste ou autre chose ? Du rock sudiste, il en a joué il n’y a pas longtemps sur la dernière réalisation de Mister Charlie Daniels. Mais pour son album à lui ? Eh bien, pour ce coup-ci, les amateurs de rock sudiste en seront pour leur frais. Après pas mal de péripéties (les ennuis de santé de Billy puis de sa femme, tout cela détaillé sur son site internet), Billy Crain nous propose un album de… Billy Crain. Tout simplement ! Personnellement, je pense qu’il s’est forgé un style très personnel pendant toutes ces années. Un style qui s’est développé au long de ses albums qui, en les réécoutant, nous prévenaient déjà que Billy ne se laisserait pas enfermer dans créneau musical bien précis. Là, nous en avons la confirmation avec ce « Color blind » qui distille des compositions étonnamment bien construites, aussi talentueuses qu’éclectiques. Mais quelques morceaux sortent particulièrement du lot. Billy commence fort sur « T Petty », un big rock US avec un riff de guitare bien trouvé, un refrain mélodique et un solo impressionnant d’efficacité. Il s’agit d’un hommage déguisé au grand Tom Petty à travers l’évocation de la jeunesse de Billy et de ses copains. Découvrant la vie, ils étaient tous prêts pour Tom Petty (« We Were Ready for Tom Petty »). On continue avec « I got the girl », un bon rock mélodique qui parle de l’essentiel dans la vie. Billy considère que l’amour l’emporte sur l’argent quand il chante « You might have the money but I got the girl » (« Tu peux avoir le pognon mais moi j’ai la fille »). Le solo est spectaculaire ! « Color Blind » s’enroule sur un rythme syncopé et rappelle un peu le 38 Special dernière période. Billy en profite pour balancer un beau riff et un splendide solo final. « American idols » se tourne du côté de la british pop avec succès. Il faut aussi souligner le refrain et le solo de « My name is Eli » ainsi que la virtuosité de Billy sur « Guitarmaggedon ». Guitariste extrêmement doué, Billy Crain joue ce qu’il ressent et puise son inspiration dans la vie et les choses qui l’entourent. Il restitue tout cela avec bonheur grâce à son grand talent artistique. Alors, ce « Color blind » n’est peut-être pas un disque de rock sudiste mais il reste une excellente production proposant une musique splendide. Et puis, Billy décoiffe toujours autant au niveau des guitares. Et c’est bien cela l’essentiel !
Olivier Aubry